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Le visage du deuil et de la dépression

Personne vêtue d’un sweat à capuche tricoté assise près d’une fenêtre, le visage à la main, dans un état contemplatif.

par Audrey Stringer

Quand on perd un être cher ou une chose qui nous tient à cœur, on vit avec difficulté d’innombrables émotions, et on a l’impression que la douleur et la tristesse ne s’estomperont jamais. On se débrouille avec le deuil et le chagrin comme on peut, mais il existe de saines façons d’affronter la douleur d’une perte, de l’intégrer et d’aller de l’avant avec le temps. Un ennemi difficile à contrôler et à surmonter se pointe cependant à l’horizon quand on ne reconnaît ni ne traite le deuil et le chagrin : il s’agit de la dépression.

Alors, qu’est-ce que le deuil?

Le deuil est une réponse naturelle à une perte. C’est la souffrance émotionnelle qu’on ressent lorsque quelqu’un ou quelque chose qu’on aime nous est enlevé. Les sentiments de perte naissent de la force de l’attachement. Plus on et attaché à quelqu’un ou à quelque chose qui nous a été enlevé, plus la douleur est aiguë.

Donc, plus on aime, plus on souffre. La perte d’un être cher peut causer un immense chagrin, mais toute perte peut causer du chagrin, que ce soit la perte d’un animal de compagnie, d’une relation, d’un emploi, de la santé ou d’une maison.

Le chagrin peut faire vivre des émotions accablantes, des moments de frayeur et des symptômes physiques tels que : choc, incrédulité, tristesse, culpabilité, colère, peur, fatigue, nausées, perte ou gain de poids, douleurs, insomnie et immunité affaiblie, entre autres.

Ces émotions peuvent s’estomper avec le temps, mais lorsqu’on les combat et qu’on les intériorise, la dépression nous guette. Je dis à mes clients qu’on doit traiter le chagrin comme notre ami. Prenez le chagrin par la main et ne combattez pas votre ressenti. Ne pas relâcher les émotions vient compliquer le chagrin ou la dépression.

Le deuil et la dépression ont quelques affinités

George Engel, célèbre psychiatre, a déclaré : « Le deuil n’est pas une maladie, mais peut le devenir ». Le deuil et la dépression peuvent avoir des caractéristiques communes. Les principales différences sont que les personnes endeuillées maintiennent l’estime de soi et le lien avec la famille et les amis, tandis que les personnes souffrant de dépression ont tendance à s’isoler et à éviter le soutien. On peut vivre des moments de bonheur malgré le chagrin. J’aimais les films drôles; en fait, je les aime, car ils mettent le chagrin sur pause. J’ai planifié des dîners mensuels avec mes copines. J’aimais m’asseoir au bord du lac au coucher du soleil et visiter des serres pour voir de belles fleurs et des arbustes; ça me remonte le moral. Même lorsque je traversais une souffrance intense, j’étais profondément sensible aux petits plaisirs.

Le chagrin est notre réaction normale à la perte, mais lorsque les sentiments nous rongent et nous laissent sans espoir, sans défense et sans valeur, on peut souffrir de dépression. Durant la dépression, la tristesse est constante et difficile à contrôler ou à gérer. Durant le deuil, les souvenirs douloureux d’êtres chers sont aussi entrecoupés de bons souvenirs. La personne endeuillée pense peu au suicide, mais il lui arrive de fantasmer sur le fait de rejoindre ou de retrouver l’être cher. Durant la dépression, on peut se sentir inutile ou inadéquat et manquer de confiance en soi. On envisage le suicide. On ressent des troubles graves du sommeil, de l’agitation et une perte de vitalité.

Les personnes endeuillées, qui risquent de vivre une dépression causée par le deuil, sont celles qui :

  • Ont déjà souffert d’une grave dépression
  • Surconsomment de l’alcool ou des drogues
  • Ont adopté un mode de vie stressant
  • N’ont pas de système de soutien social
  • Ont vécu la mort inattendue ou violente ou le suicide d’un être cher

Les types de personnalité jouent également un rôle dans la dépression. Les personnes qui ont une attitude plutôt négative peuvent être plus à risque. La façon dont on socialise avec sa famille d’origine et dont on vit le deuil et le chagrin importe aussi.

Nous vivons dans une société qui évite le deuil. Faire fi des émotions et du deuil, avoir des comportements compulsifs, minimiser les sentiments, se surmener, surconsommer de l’alcool, des drogues ou d’autres substances, ça peut retarder le processus de deuil.

Vivre mon deuil est ce que j’ai eu de plus difficile à faire. Notre conjoint ou conjointe, nos enfants et nos amis ne peuvent pas vivre le deuil à notre place, et vice-versa. On ne peut jamais se remettre de nos pertes, mais plutôt apprendre à vivre avec elles et les intégrer dans nos vies. Nous devons avoir le courage de vivre nos deuils, mais pour cela, il faut de la force et de la persévérance. Quand on cherche à croître et à apprendre de nos pertes, on ressent de la compassion, on se sent en santé, et on donne un but et un sens à notre vie. Accepter la douleur, c’est le moyen d’éviter que la dépression ait une emprise sur nous. On est résilient. Il faut le montrer et crier « victoire ».